Mme la Maire a convoqué l’ensemble des élus, le 20 octobre 2020, pour un Conseil Municipal (CM) extraordinaire afin d’acter la vente d’une parcelle de 7952 m² où se situent depuis plus de 40 ans des jardins familiaux. Lors de ce conseil, elle nous apprenait que le projet de zone artisanale prévue sur les parcelles adjacentes pouvait se faire sans que cette vente ait lieu. Retour sur une décision incompréhensible.
« Avec ou sans notre parcelle [..] le projet se fait ! »
Je vous rappelle que notre parcelle fait 7 900… allez, 8000 m². Donc j’aime autant vous dire qu’avec ou sans notre parcelle, il est déjà propriétaire des deux autres, le projet se fait.
Réponse de Mme la Maire (Facebook Live, 46:15)
Depuis des dizaines d’années, des jardiniers se sont mobilisés pour valoriser cette parcelle et ils ont réussi ! Les circuits courts existent ! Les légumes et les fruits qui sont habituellement produits sur cette parcelle de près de 8000 m² ne traversent ni la France, ni l’Europe, ni les océans entre leur lieu de production et leur lieu de consommation. Mais pourquoi la vendre si elle n’était même pas nécessaire au projet de zone d’activité ? Pourquoi ne pas la pérenniser alors que l’île-de-France manque cruellement de terres maraîchères ? Il était tout à fait possible de faire ce projet de ZA et de ne prendre qu’une toute petite partie des jardins pour créer la piste cyclable au vu des plans. Malheureusement, la majorité a fait le choix d’une nouvelle artificialisation des sols !
Nous n’avons pas eu l’occasion de poser ces questions. En effet, Mme la Maire a refusé la demande de parole d’un élu minoritaire avant que la délibération soit votée.
Une parcelle bradée en invoquant une explication qui ne tient pas
La parcelle communale a été estimée à deux reprises par la direction générale des services publiques (DGFiP) . La première fois, le 26 février 2018, l’estimation ne comprenait pas la création d’une piste cyclable rétrocédée au domaine public. La seconde fois, le 12 mars 2019, l’estimation comprenait cette réalisation comme on peut le lire dans la section Observations particulières de la note de la DGFiP.
Pour autant, les élus de la majorité tenaient absolument à vendre cette parcelle communale avec une ristourne supplémentaire de 40 000 € (quasiment le maximum autorisé par la loi) à la société ECLAT EXPANSION. Et comment le justifient-ils ? Car une piste cyclable sera rétrocédée au domaine public !
Lors du CM du 20 octobre 2020, Matthieu (élu de Saint-Cyr en commun) a donc exprimé à Mme la Maire le fait que le prix de 440 000 € prenait déjà en compte le fait que la piste cyclable était rétrocédée et donc qu’il n’était pas nécessaire d’appliquer une ristourne de 40 000 € supplémentaire. Mme la Maire étant à court d’argument a répondu par un « C’est parfait ! » et s’est empressée de couper court au débat en mettant l’amendement proposé par Mehdi (élu de Saint-Cyr en commun) au vote afin de rejeter notre proposition de vendre cette parcelle au prix estimé de 440 000 € dont le but était de défendre l’intérêt général des Saint-Cyriens.
Alors que de nombreux habitants reportent régulièrement des problèmes concernant la voirie avec des trottoirs en mauvais état et donc des nécessités d’investissement, la majorité a préféré brader ce terrain communal. La commune serait-elle trop riche ?
Un manque d’information et une absence de concertation avec les riverains
Nous avons appris lors de la fête de voisins et depuis un an lors de différents conseils municipaux qu’une parcelle municipale devait être vendue pour en faire une zone artisanale.
Pourquoi la ville n’est pas devenue co-aménageur de cet espace plutôt que de le céder complètement à une personne privée ? L’exemple de la ZAC Renard montre que lorsque la ville confie tout à un privé et que les habitants se plaignent de certains aménagements, la ville ne peut rien faire ! En effet, à ce jour nous ne savons ni si les nouvelles activités de cette zone seront utiles pour les riverains, ni si elle seront exemptes de pollutions visuelles ou sonores.
Nous ne comprenons donc pas ce manque d’implication, d’information et de concertation. Bien que ce ne soit pas le mode de fonctionnement de l’équipe municipale, les temps changent et la plupart des habitants ne veulent pas rester dans l’ombre des élus mais veulent développer les projets avec eux !
Un promoteur qui pourra faire une belle plus-value
A ce jour, nous sommes très surpris que les élus de la majorité n’aient aucune idée des artisans qui vont s’installer dans cette zone. Les seules choses qui sont connues, c’est qu’aucun commerce ne pourra s’y installer (comme acté dans le PLU) et que le centre de contrôle technique actuellement situé à l’angle de l’avenue Pierre Curie et de la rue Louis Pasteur déménagera dans cette zone d’activités.
Cet emplacement actuel étant idéalement placé en centre-ville, il y a de grandes chances que le propriétaire du contrôle technique (qui est le même que celui qui a acheté la parcelle des jardins) revende son terrain à un promoteur immobilier afin qu’un nouvel immeuble soit construit et qu’il puisse effectuer une belle plus-value.
Notre vote : pas contre un projet de zone d’activité, mais contre cette vente !
A cause de la forme extrêmement confuse imposée par Mme la Maire pour discuter de cette vente, nous avons eu toutes les peines du monde à résumer les raisons finales pour lesquelles nous avons voté CONTRE la délibération. Pour que cela ne crée pas d’ambiguïtés, nous rappelons qu’une partie du quartier faisant état d’un délabrement très avancé, il était évident que des aménagements devaient être réalisés pour rendre cette entrée de ville plus agréable. Nous ne sommes pas contre un projet de ce type mais nous nous sommes opposés au fait que les jardins familiaux soient sacrifiés. D’autant plus que Mme la Maire a finalement avoué que conserver la parcelle n’empêcherait en rien la réalisation de la zone artisanale et technologique !
Notre vote CONTRE est en réponse au refus tout d’abord de la majorité de reporter la délibération en commission afin de la retravailler. Notre choix de nous opposer s’explique enfin par :
- le projet de zone artisanale prévue sur les parcelles adjacentes pouvait se faire sans que cette vente ait lieu
- le manque de précisions sur le projet (nombre d’emplois créés, activités, nuisances…) ;
- l’absence de concertation avec les habitants ;
- le non-respect de la promesse de campagne de Mme Brau visant à faire une pause dans la bétonisation ;
- le non-respect du traitement des franges du site ;
- les expériences passées, principalement avec la ZAC Renard : lorsque la commune ne participe pas à l’aménagement, il en résulte une insatisfaction des habitants et du mécontentement qui ne peuvent être résolus par la Mairie ;
- le non-respect de la charte de la Plaine de Versailles qui engage normalement notre commune à « promouvoir et protéger toutes les formes d’agriculture » et « associer les populations » ;
- des irrégularités au niveau de la promesse d’achat ;
- l’absence de justification plausible concernant la vente de la parcelle à un prix inférieur à son estimation.
Retrouvez plus de détails sur l’ensemble de ces points dans notre article du 21 octobre 2020.
Malgré nos interventions et demandes de report de ce point afin qu’il soit retravaillé, les 26 élus de la majorité ont acté le fait que Mme la Maire avait le droit de vendre cette parcelle au prix de 400 000 € au propriétaire de la société ECLAT EXPANSION.
Retrouvez nos précédents articles sur le même sujet grâce à l’étiquette Jardins Familiaux.