Logiciels libres : une solution moderne, écologique et responsable pour Saint-Cyr-l’École

Mairie Logiciel libre

C’était l’un de nos engagements lors des élections municipales de 2020 en cas de victoire : donner la priorité aux logiciels libres et aux standards ouverts dans les services municipaux. Cinq ans plus tard, cette orientation s’impose avec une acuité nouvelle. Entre la pression budgétaire, la dépendance croissante à des éditeurs privés, l’obsolescence programmée des équipements, les enjeux de cybersécurité et l’urgence écologique, le passage aux logiciels libres n’est plus seulement une opportunité — c’est une nécessité.

Un coût croissant pour des logiciels propriétaires

En février 2025, à notre demande, la municipalité a transmis des éléments précis sur le parc informatique communal :

  • 241 licences Microsoft Office sont actuellement déployées dans les services municipaux. Leur coût annuel est de 48 907,20 € en 2025, soit une hausse de 5,26 % par rapport à 2024. Ces dépenses s’ajoutent d’année en année.
  • 229 licences Windows sont également en usage, intégrées dans les achats de matériel informatique. Leur coût est masqué dans les marchés publics mais bien réel.
  • Et surtout, à l’approche de la fin de support de Windows 10 le 14 octobre 2025, la ville indique que 60 postes informatiques devront être remplacés car non compatibles avec Windows 11. Ce renouvellement imposé par Microsoft représenterait une dépense supplémentaire de 36 000 à 48 000 €, hors coût d’installation.

À elles seules, ces deux lignes budgétaires représentent près de 100 000 € de dépenses numériques sur deux ans, pour des outils qui pourraient être remplacés par des solutions libres, fiables, gratuites et déjà utilisées dans de nombreuses collectivités.

D’autres collectivités ont déjà montré la voie

Contrairement aux idées reçues, on peut très bien faire fonctionner une administration locale sans dépendre de Microsoft. Plusieurs villes ont démontré que la transition vers le libre est possible, et rentable.

À Toulouse, la suite bureautique Microsoft Office a été remplacée par LibreOffice sur 90 % des postes. Résultat : 1 million d’euros d’économies en trois ans, sans perte de productivité.

À Fontaine (Isère), 22 000 habitants, une ville de taille comparable à Saint-Cyr-l’École, la transition vers les logiciels libres a été menée progressivement, jusqu’à atteindre un poste de travail 100 % libre (Linux, LibreOffice, Firefox, Thunderbird). La ville économise aujourd’hui 80 000 à 100 000 € par an, tout en prolongeant la durée de vie de ses équipements informatiques grâce à la légèreté de Linux.

À Nantes Métropole, plus de 5 000 postes ont migré vers LibreOffice. En plus des économies sur les licences, cette transition a renforcé l’interopérabilité grâce à l’adoption de formats ouverts. La collectivité a anticipé les besoins de formation et d’accompagnement, preuve qu’une migration réussie repose sur l’humain autant que sur la technique.

Enfin, la Ville de Lyon, depuis 2022, s’est fixée pour objectif de sortir à 80 % des outils Microsoft d’ici 2027. Un choix motivé autant par les finances que par une volonté affirmée de souveraineté numérique et de réduction de l’empreinte écologique.

La Gendarmerie nationale : un exemple stratégique de migration vers le logiciel libre

La gendarmerie sur GendBuntu, logiciel libre

Même si elle ne relève pas d’une collectivité locale, la Gendarmerie nationale est un exemple reconnu de transition réussie vers les logiciels libres. En 2008, à l’annonce de la fin de support de Windows XP, elle décide de ne pas racheter en masse des licences propriétaires. Elle fait le choix de développer et d’utiliser un système d’exploitation libre, basé sur Linux, spécialement adapté à ses besoins : GendBuntu.
Cette migration s’est faite progressivement, avec un accompagnement des agents et une organisation rigoureuse. Plus de 80 000 ordinateurs ont été équipés, sans que cela ne perturbe le fonctionnement des services.

Le résultat est sans appel : environ 2 millions d’euros économisés chaque année, et une baisse de 40 % du coût global d’utilisation du parc informatique (achat, maintenance, support, formation…).
Mais au-delà des économies, ce changement a permis à la Gendarmerie de reprendre la main sur ses outils informatiques, en s’affranchissant des contraintes imposées par les fournisseurs privés. Elle a ainsi renforcé sa souveraineté numérique, c’est-à-dire sa capacité à maîtriser ses choix technologiques et ses données, sans dépendre d’un acteur extérieur. Un enjeu essentiel pour une institution aussi stratégique.

Pourquoi Saint-Cyr-l’École doit faire ce choix

Ces exemples montrent que les collectivités peuvent reprendre la main sur leur informatique. Pour Saint-Cyr-l’École, les bénéfices seraient multiples :

Maîtriser les dépenses publiques

  • En arrêtant de verser chaque année près de 50 000 € à Microsoft, la Ville pourrait réinvestir ces sommes dans les services publics, la transition écologique ou l’éducation.
  • En évitant des renouvellements matériels imposés par des évolutions logicielles, on allonge la durée de vie des équipements.

 Agir pour une informatique plus écologique

  • Les logiciels libres sont moins gourmands en ressources, ce qui permet de conserver des ordinateurs plus longtemps.
  • Cela réduit la production de déchets électroniques, un enjeu majeur de la transition écologique.
  • En prolongeant la durée de vie du matériel, la collectivité évite une partie de l’impact carbone lié à la fabrication et au transport des nouveaux équipements.

Renforcer la sécurité et la souveraineté

  • Les logiciels libres comme Linux sont moins exposés aux cyberattaques et reçoivent des mises à jour de sécurité aussi régulières et transparentes.
  • Contrairement à Windows, les logiciels libres ne collectent pas les données des utilisateurs.
  • La collectivité gagne en indépendance, en évitant les décisions unilatérales d’un fournisseur étranger.

Favoriser l’inclusion et l’accompagnement

  • Les logiciels libres permettent de former les agents à des outils pérennes et interopérables, plutôt que de les soumettre à un cycle de renouvellement constant.
  • Ils ouvrent la porte à des formats durables et accessibles à tous, sans coût pour les usagers.

Une démarche réaliste et progressive

Une migration vers les logiciels libres ne se fait pas en un claquement de doigts. Mais les villes qui l’ont réussi ont toutes adopté une approche pragmatique et progressive, que nous pouvons reproduire à Saint-Cyr-l’École :

  • Commencer par les outils déjà massivement utilisés, souvent sans que les usagers sachent qu’ils sont libres : Firefox (Navigateur Internet), VLC (Lecteur de vidéos), Thunderbird (Logiciel de lecture d’e-mails).
  • Installer LibreOffice aux côtés de Microsoft Office, pour permettre une prise en main progressive.
  • Accompagner les agents par des formations ciblées et des référents internes.
  • Lancer des projets pilotes dans certains services volontaires.
  • Et bien sûr, conserver temporairement ou de manière permanente certains logiciels propriétaires ou postes sous Windows pour des usages métiers spécifiques, lorsque c’est justifié.

Conclusion : un choix politique et de bon sens

La situation actuelle est claire : à l’approche de la fin de support de Windows 10 en octobre 2025, la Ville est contrainte de dépenser des dizaines de milliers d’euros pour continuer à fonctionner avec des outils qu’elle ne maîtrise pas. Elle pourrait au contraire investir dans la montée en compétence de ses agents, dans des outils ouverts, éthiques, économiques, et adaptés aux enjeux du XXIe siècle.

Les collectivités qui ont franchi le pas n’ont pas fait machine arrière. Elles ont construit des systèmes plus durables, plus résilients, plus économiques. Pourquoi pas nous ?

Adopter les logiciels libres, c’est choisir l’intérêt général contre la rente des éditeurs privés. C’est faire de l’informatique un outil de service public, et non une dépendance coûteuse. C’est penser à long terme, dans l’intérêt de notre territoire, de ses habitants et de son avenir numérique.

Une richesse locale à valoriser

La ville de Saint-Cyr-l’École a la chance de compter, au sein de son tissu associatif, l’association Root66, une structure locale particulièrement active dans le domaine du numérique libre. Unique dans les Yvelines, cette association œuvre depuis plusieurs années à la promotion des logiciels libres, de la protection de la vie privée et de la cybersécurité accessible à tous.

À travers des conférences, des ateliers pratiques et des formations ouvertes au public, Root66 sensibilise les citoyens aux enjeux du numérique éthique et leur propose des solutions concrètes pour reprendre le contrôle de leurs outils informatiques au quotidien. Elle contribue ainsi à faire vivre localement une culture numérique fondée sur l’ouverture, l’autonomie et le respect des libertés individuelles et collectives.

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