
Lors de l’édition du 26 mars 2025 du journal Toutes les nouvelles, un dossier s’intitulant « Être maire aujourd’hui : un rôle de plus en plus difficile » est paru. Sur quatre pages, les journalistes ont donné la parole à quatre maires de droite : Sonia Brau (Maire UDI de Saint-Cyr-l’Ecole), Alexandra Rosetti (Maire UDI de Voisins-le-Bretonneux), Bruno Coradetti (Maire Horizons du Vésinet), à Jean-Baptiste Hamonic (Maire MoDem de Villepreux) ainsi qu’à Frédéric Rose (Préfet des Yvelines, nommé directement par le Président de la République Emmanuel Macron).
Une absence de pluralité dans les témoignages
A la lecture de ce dossier, constatant une absence criante de maires sans étiquettes et issus de listes citoyennes, démocratiques et participatives tel qu’Yvan Lubraneski (Maire de la commune des Molières) ou de gauche tel que Bertrand Houillon (Maire Générations de Magny-les-Hameaux), on peut se demander s’il n’aurait pas été plus pertinent de titrer « Être maire de droite aujourd’hui : un rôle de plus en plus difficile ». Les journalistes ont fait le choix de ne tendre leur micro qu’à des maires issus de formations politiques qui partagent une idéologie très proche les uns des autres. Il aurait peut-être été plus intéressant de donner la parole à d’autres maires, issus d’autres formations politiques, qui vivent leur mandat d’une manière différente et qui expérimentent d’autres méthodes ?
Être carriériste et cumuler les mandats, c’est épuisant mais rémunérateur
Il existe plusieurs façons d’assurer son rôle de citoyen engagé dans la vie politique. Sonia Brau a fait le choix de « faire carrière » en cumulant les mandats électifs.
D’abord conseillère municipale en 2008, elle devient première adjointe du maire en 2014 et enfin maire en 2019. En parallèle, elle cumule bien entendu (car c’est automatique) un mandat au sein de l’intercommunalité de Versailles Grand Parc depuis 2014 où elle est actuellement vice-présidente de la commission Eau, Déchets et Enjeux environnementaux.
De plus, vu que deux mandats ne lui suffisent pas, a priori, elle cumule aussi un mandat de conseillère départementale depuis 2015 où elle est présidente de la commission Emploi, affaires sanitaires, familiales et sociales. Cette charge de travail ne semblant pas suffisante, elle devient aussi la présidente du groupe Ensemble pour les Yvelines (EPY) et prend aussi un mandat de vice-présidente au sein du syndicat mixte d’assainissement Hydreaulys.
Dans cet article, Sonia Brau soutient son homologue Marie-Hélène Aubert (maire démissionnaire de Jouy-en-Josas) en partageant « le même constat » qui se plaint de « journées interminables » et de « réunions qui s’enchainent sans avoir le temps de souffler ». Quand on a fait le choix de cumuler cinq mandats différents sur trois échelons (communal, intercommunal et départemental), cela doit être en effet très fatigant ! Mais pourquoi se présenter et se représenter systématiquement à différentes élections et s’éparpiller sur différents rôles plutôt que de se concentrer sur moins de mandats et réduire la charge de travail ?
Le bon sens voudrait qu’elle se concentre sur son rôle d’élue au Conseil Départemental et de « passer la main » à l’échelon local (ou inversement) afin d’améliorer sa qualité de vie mais aussi d’être moins dispersée et donc d’assurer un meilleur service auprès de ses administrés.
Forte de ces cinq mandats lui rapportant 116 645,76 € pour l’année 2024 (pour rappel, ce montant était de 96 221,50 € pour l’année 2021), on peut comprendre qu’elle soit épuisée mais n’est-ce pas en partie aussi une conséquence de ses choix personnels ? Est-elle réellement à plaindre ?
Et si le partage du pouvoir permettait aux élus d’aller mieux ?
Il existe de multiples façons de gouverner. Sans chercher à être exhaustif, nous allons prendre le soin de donner quelques exemples.

Il est possible de créer des commissions thématiques afin que tout le travail ne repose pas uniquement sur le bureau municipal (constitué des adjoints et du maire) mais inclut aussi les autres élus. Dans notre ville, Saint-Cyr en commun a proposé la création de ces commissions, en début de mandat. Malheureusement, Sonia Brau a refusé d’être aidée et aucune commission thématique non-obligatoire n’existe à Saint-Cyr-l’Ecole.
Il est aussi possible de créer des commissions citoyennes. A l’instar des commissions thématiques, elles sont principalement investies par des citoyens plutôt que par des élus. Là aussi, des citoyens ont déjà proposé à la droite locale la création de commissions citoyennes mais un refus catégorique a été émis.

Enfin, sur certains projets, il est en général très intéressant de s’appuyer sur des groupes action projet (GAP) comme cela se fait dans la commune voisine de Guyancourt ou des conseils de quartiers comme cela existe dans d’autres communes des Yvelines. Mais là encore, ces outils démocratiques qui visent l’implication citoyenne et donc mécaniquement, qui permet de décharger les élus ont toujours été refusés par Sonia Brau et son équipe.
Quand on fait donc le choix d’être un élu centralisant tous les pouvoirs, où toutes les décisions doivent passer systématiquement par une seule personne, cela crée forcément une charge de travail extrême qu’il est dur à assumer. Mais là encore, Sonia Brau est-elle réellement à plaindre des conséquences de ses propres choix et de son obstination à les perpétuer dans le temps ?
La liberté d’expression, un réel problème pour Sonia Brau
Dans le même article, Sonia Brau se plaint qu’un ancien conseiller municipal soit le modérateur du plus gros groupe Facebook de discussions (plus de 5200 membres) sur la commune de Saint-Cyr-l’Ecole.
Malheureusement, la journaliste Manon Varaldo a oublié l’une des bases essentielles du métier : l’impartialité journalistique. En temps normal, le journaliste est censé « vérifier rigoureusement ses sources » et « donner la parole à toutes les parties concernées ». Ce n’est pas ce qu’il s’est passé car le modérateur incriminé n’a aucunement été contacté avant que cet article paraisse.

ll aurait pourtant été intéressant de rappeler à la journaliste que si ce groupe Facebook a vu le jour, c’est que dans le principal groupe de discussion de l’époque (qui comporte actuellement environ 2100 membres), en 2019, la parole n’était pas libre. De nombreuses exclusions avaient lieu, souvent de manière injuste. La modératrice, proche de Sonia Brau, ne permettait aucune critique constructive sur la politique menée par Bernard Debain, Sonia Brau et le reste de la majorité de droite de l’époque. Actuellement, le groupe est, entre autre, géré par un élu de la majorité (Vladimir Boire) et les débats sur la politique menée par Sonia Brau sont très régulièrement censurés.
Par ailleurs, la journaliste relaie la parole de Sonia Brau en indiquant que des propos « outrageants » ont été tenus. Il est à souligner que le maire ou les élus municipaux d’une commune bénéficient d’une protection fonctionnelle contre les outrages, injures ou diffamations. La commune est même dans l’obligation, depuis 2019, de souscrire un contrat d’assurance à ce sujet. Etant donné que la Maire se plaint de propos outrageants effectués par écrit, sur un support numérique, les preuves sont très faciles à produire. Est-ce que la journaliste Manon Varaldo a demandé des preuves à Sonia Brau avant de relayer ses propos ?
L’administrateur du groupe en question (qui est aussi l’auteur principal de cet article) s’avère ne jamais avoir été inquiété par la justice au sujet de propos outrageants qui sont pourtant punis d’un an de prison et de 15 000 € d’amende ! Si ces propos existaient réellement et qu’ils étaient répétés, pourquoi la maire de Saint-Cyr-l’Ecole n’a pas déposé plainte ?
En conclusion, nous pensons que le rôle de maire dans le système représentatif traditionnel est énergivore et que cela demande d’avoir en soi de fortes ressources mentales pour tenir le rythme pendant 6 ans.
C’est pourquoi nous plaidons pour un partage de ce pouvoir entre les élus, les habitants et les services de la Ville. C’est aussi une manière de prévenir les risques de burnout comme celui qu’a vécu Marie-Hélène Aubert (maire démissionnaire de Jouy-en-Josas), un épuisement qui se produit dans des situations où l’activité ne semble jamais pouvoir s’arrêter comme c’est le cas dans la gestion d’une commune.

Cette méthode de gouvernance partagée est d’autant plus légitime dans cette période d’instabilité politique et économique au cours de laquelle les budgets sont à la baisse pour les municipalités, où la pauvreté gagne du terrain, où l’intolérance et le racisme refont surface, où la violence verbale, et même physique, cible de plus en plus les représentants politiques de proximité que sont les maires.
Il est donc temps de passer à un autre modèle pour la santé démocratique de nos villes et celle des élus locaux.
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